EDITORIAL / Christophe CORP
Venid a ver la sangre por las calles.
Venid a ver la sangre por las calles.
Venid a ver la sangre por las calles.
Pablo NERUDA
OUVRIR LE CAHIER DU MONDE
Dans son éclaboussement de sang, horrifié de nous-mêmes, le
monde nous tient
Ouvrir le cahier des combats, que l’âme livre à l’âme Que le corps
livre au corps Et, mi-effaré, mi-hagard, vouloir le refermer sans
pouvoir Vouloir et ne pas pouvoir Car l’oeil ne se libère jamais de
la couleur rouge sombre du sang Sang sans trop savoir où la
conscience se tient
Lever, élever la voix
Tenir bon, tenir tête
Lever, se lever Ne pas rester assis, jamais, avant que les fourmis de
la soumission ne peuplent les trésors de nos jambes pour en faire
leur propre fourmilière
Lever la tête, lever le poing Ne jamais obéir à ce temps des bains de
sang Ne jamais obéir à l’asservissement du mi-figue, mi-raisin, couronnant
le sang de son diadème de lâche
Evertuer toujours la lisière de la conscience, conscience rebelle qui
chevauche le nuage lorsque la tornade vient
Tenir bon, tenir beau, tenir bien
Tirer son irrévérence d’un fourreau de lumière
Et défendre
Toujours défendre
La symphonie du beau qui irise l’instant, irrigue le verbe
Pour que fille cuirassée la métaphore vienne
Athéna du sens toute armée
Figure de liberté de toutes les résistances
Fille ailée de l’homme qui dit NON !