HOMMAGE RENDU PAR Christophe CORP lors des obsèques de Jean OLIVIER, notre ami et secrétaire adjoint de l’association, ultime adieu adressé à ce fils de cheminot, qui fut aussi proviseur du lycée Joffre de Montpellier et qui, jusqu´au bout de sa longue maladie, nous exhortait à ne pas être triste face à l’irrémédiable et nous incitait avec la générosité qui le caractérisait, à toujours avancer sur le chemin et à continuer à vivre.
Le numéro 240-241 de la revue Souffles consacré au thème du souffle pour le 70ème anniversaire de la création de notre association en 1943, date coincidant avec la naissance de Jean Olivier, lui a été dédié.
CHANT A LA VAPEUR DE VIVRE
A Jean Olivier, notre ami, notre frère.
I
Jean
Tu es le grand homme bleu
Bleu l’orphelin près du tronc de l’Olivier poussé dans le rude Jura impossible mais qu’importe
Bleu l’ailleurs ivre des cimes de celui qui aime les hauteurs s’y sent toujours en apesanteur
Bleu le cœur immense des profondeurs de l’humain
Bleu profond de Kandinsky pour une aquarelle de vie
J’ai dit bleu
Et tu es apparu
Frère de l’humain
Bleu profond comme un trait d’union sur la mer
Pour toi la Grande bleue pour des Noces à la Camus
Pour toi Alger la blanche la rouge et la bleue
Pour toi Dijon et les Hospices de Beaune
Pour toi une cuisine paléolithique au creux du grand Chaix
Pour toi le « Tchin… Tchin… Tchin… » d’un voyage en Chine
Pour toi la guitare d’un élève rachetée
Pour toi le chapeau péruvien à inspection
Chapeau éternel de l’« impossible n’est pas fou ! »
Je t’ai donné mon chapeau
Tu m’as donné un chemin
Je t’ai crié mon bleu
Tu as encaverné le souffle dans ta glotte
Au gré frondeur des cimes sur le vent
Pour le restituer rieur
Suave
Ami
Et tendre…
Charisme de l’humain
II
Fluet désormais dans le corps truculent de l’alors
Mais grand
Roide et courageux face au sale mal qui ronge, sape, insurge
Bleu et serein
J’ai dit Jean
Et tu es aussitôt apparu
Presque gouaille de Titi parisien
Toi et le frêle morceau de sucre à Bergson
Toi au bar de Vieille Porte de la rue de l’Université sur la presqu’île de Juin
Toi tout animé à pourfendre le tragique sur le chemin des vies
Eau de vie puissante sous la gouaille
J’ai dit Jean
J’ai dit bleu
Et tu es aussitôt apparu
Père adoptif aussitôt des fils en mal de père
L’hiver n’a pas de sens
Du rosier repousse sans cesse les roses à fleur de vivre
III
Où que tu sois dans l’ici de l’ailleurs
Tu arpenteras
Tu chemineras
Tu sillonneras
Ta poussière de vie est la vertu des humbles qui sont des grands
Ô toi l’humble fils à cheminot des enfants de l’Assistance
Ta vapeur est notre sève
Le voyage est ton berceau
Nouvel alpha à ce trop rapide oméga
Tu arpentes
Tu chemines
Tu sillonnes
Tu marches en nous désormais
…Ta vapeur… est notre sève
Christophe Corp.